Être maman et entrepreneuse, ce n’est pas seulement jongler entre deux rôles : c’est porter deux projets de vie à la fois. Entre idéal de liberté et réalité de la charge mentale, l’équilibre tant vanté ressemble parfois à une illusion.
Alors, comment avancer sans s’épuiser, et sans s’oublier en chemin ?
Il y a des jours où j’ai eu l’impression de courir deux marathons en même temps : élever mes enfants et faire grandir mon entreprise. Deux projets de vie aussi exigeants l’un que l’autre, mais que la société aime réduire à des « casquettes » qu’on change selon l’heure de la journée : maman d’un côté, entrepreneure de l’autre.
Sauf que ce n’est pas si simple. La maternité n’est pas un hobby qu’on pratique sur le temps libre, et l’entrepreneuriat n’est pas une activité qu’on met en pause dès qu’une urgence familiale survient. Ce sont deux projets entiers, profonds, qui puisent dans les mêmes ressources : du temps, de l’énergie, de la créativité, de la patience.
Et c’est là que naît la tension : comment tenir debout entre ces deux univers qui demandent tout, alors qu’on n’a qu’un seul corps, qu’un seul cœur, qu’un seul agenda ?
Je n’ai pas de recette magique à proposer (et je me méfie de celles qui prétendent exister). Ce que je peux partager ici, c’est une réflexion lucide et incarnée : comment j’ai appris à faire cohabiter maternité et entrepreneuriat sans m’oublier au passage.
1. Maternité et Entrepreneuriat : un double projet exigeant, trop souvent invisibilisé !
Le mythe de la conciliation facile…
On nous répète qu’avec la bonne organisation, tout est possible : mener une carrière épanouie, lancer une entreprise prospère et, en parallèle, vivre une maternité sereine. Cette promesse d’équilibre sonne bien… mais elle repose sur une illusion.
Car dans les faits, concilier les deux, c’est souvent vivre sous une double pression : être une mère disponible, patiente, presque idéale, ET une entrepreneuse créative, ambitieuse, performante. Deux rôles qui, sur le papier, paraissent complémentaires, mais qui dans la réalité s’entrechoquent.
➡️ La conséquence, c’est ce sentiment d’être toujours en décalage : pas assez présente avec ses enfants, pas assez investie dans son business. À force, la culpabilité s’installe et la fatigue devient un état permanent.
Derrière l’idée qu’on peut “tout avoir”, il y a souvent l’expérience douloureuse de se sentir en manque de partout.
Un projet maternel encore invisibilisé
La maternité est rarement reconnue comme un projet en soi. On la considère encore comme une parenthèse dans la vie professionnelle, ou comme un simple “rôle” à côté d’autres responsabilités.
Pourtant, elle mobilise des ressources considérables : créativité, capacité d’adaptation, gestion de crise, organisation du quotidien, sans oublier l’énergie émotionnelle et affective.
Mais ce travail reste largement invisible. Il n’apparaît ni dans les bilans financiers, ni dans les discussions stratégiques, ni dans les tableaux de performance. Et pourtant, il est là, constant, structurant, occupant une place aussi importante qu’un projet entrepreneurial.
⭐ C’est cette invisibilisation qui alourdit encore le vécu des mères entrepreneuses : elles portent en réalité deux projets de vie, mais un seul est reconnu et valorisé socialement (et encore…). L’autre est vécu dans l’ombre.
2. Des chiffres pour sortir du cas individuel
Quand on parle de maternité et d’entrepreneuriat, on a souvent l’impression d’être seule à ramer à contre-courant. Pourtant, les chiffres montrent une réalité bien plus large.
- En 2023, 43 % des créations d’entreprise en France étaient portées par des femmes (INSEE).
- Parmi elles, une majorité exercent en solo, sans équipe pour déléguer ou partager la charge. Et 7 entrepreneures sur 10 sont mères (Bpifrance x Paris Pionnières).
Beaucoup expliquent avoir choisi l’entrepreneuriat pour gagner en liberté et mieux concilier leurs vies.
Mais là encore, les chiffres disent autre chose : 54 % l’ont fait pour équilibrer vie pro et vie perso, et pourtant 66 % affirment que la maternité a ralenti leur projet (Observatoire national de l’entrepreneuriat féminin).
Ajoutons à cela la réalité du quotidien : en moyenne, les femmes consacrent 1h30 de plus par jour aux tâches domestiques et parentales que les hommes ****(INSEE, 2020). Du temps invisible, mais bien réel, qui s’additionne à leurs responsabilités professionnelles.
Alors, la liberté d’entreprendre pour les mères : véritable levier d’émancipation, ou mirage qui repose surtout sur leur épuisement silencieux ? Peut-être un peu des deux. Ce qui est certain, c’est que derrière chaque parcours individuel, il y a une toile de fond systémique qui mérite d’être nommée.
3. Ce que la maternité m’a appris sur le business
La maternité n’a pas été un frein à mon entrepreneuriat pour ma part. C’est plutôt la conséquence de mon choix de vie, notamment parce que j’avais déjà pris 8 ans de congé parental. Je voulais prolonger notre expérience de vie familiale.
Mon entreprise a donc immédiatement été au service de ma vision et non au centre de ma vie quotidienne.
J’ai tout de même appris, parfois à contrecœur, à inventer d’autres façons de travailler, d’autres manières de créer. Et ces apprentissages-là valent autant qu’un diplôme de business school !
🧩 Créer dans les interstices
Quand on ne dispose pas de journées entières pour réfléchir ou produire, on apprend à saisir les petits espaces de temps.
Une sieste, un temps d’école (et non pas une journée comme je le pensais au début…), un rendez-vous annulé…
Ces interstices sont devenus des zones de créativité insoupçonnées. On apprend alors a être beaucoup plus efficace que quand on a 8h devant soi !
🧩 Renoncer à la perfection
Avant, je voulais que tout soit bien ficelé. Avec des enfants, la perfection est devenue une option… et j’ai découvert que le « fait » valait souvent mieux que le « parfait ». Cette souplesse m’a libérée.
Ca a été une vraie révélation pour moi, commencer à agir alors que je n’avais pas mis de point final a été douloureux au départ, mais c’est devenu une habitude aujourd’hui qui me permet de doubler ma jauge de confiance en moi !
🧩 M’adapter sans me perdre
Les imprévus sont devenus mon quotidien : un enfant malade, une nuit catastrophique, une urgence domestique…
Plutôt que de me battre contre eux, j’ai appris à plier sans rompre. À ajuster mon agenda, sans renoncer à mes priorités profondes. Ca demande de l’adaptation et du lâcher-prise, mais on s’y fait je te promet 😘
🧩 Accepter l’irrégularité
Il y a des périodes d’intense énergie et d’autres où tout semble au ralenti. Plutôt que de culpabiliser, j’ai commencé à voir ces cycles comme une respiration naturelle et à aligner mon business dessus.
Cette réflexion est devenu centrale dans la planification de mes semaine, mais aussi dans les accompagnements ! Notre nature cyclique (liée à la Lune, aux menstruations, aux saisons…) peut devenir un atout si on comprend comment anticiper.
🧩 Réinterroger le rapport au temps, à l’argent et à la réussite
La maternité m’a forcée à poser la question : qu’est-ce qui compte vraiment ? Courir après la croissance à tout prix, ou bâtir une entreprise durable, compatible avec la vie que je veux mener ?
Les réponses ne sont pas définitives, mais elles me servent de boussole. C’est mon carburant quand je sens que mon moteur approche de la panne ! Savoir pourquoi on fait des choix et les assumer, ça change la donne.
4. Maternité et Entrepreneuriat : comment je fais cohabiter les deux aujourd’hui ?
🧩 Sortir de l’opposition imposée par la société
Pendant longtemps, je pensais qu’être maman et entrepreneuse signifiait choisir entre deux mondes, les opposer. Aujourd’hui, je ne les vois plus comme rivaux, mais comme deux projets qui peuvent s’enrichir mutuellement.
➡️ Les qualités que je développe avec mes enfants (patience 🙊, créativité, adaptabilité, organisation…) nourrissent mon business. Et l’énergie, la rigueur et la vision que je mets dans mon entreprise enrichissent mon rôle de mère.
🧩 Mes repères concrets
Pour que cette cohabitation soit viable, j’ai mis en place quelques repères simples :
- des semaines sans rendez-vous pour préserver des temps créatifs et de prise de hauteur stratégique pour mon entreprise (parfois, c’est utile pour rattraper le retard accumulé aussi…) ;
- une priorisation réaliste, qui me permet de distinguer l’essentiel du secondaire tout en nourrissant continuellement mes projets business et personnels ;
- un agenda flexible, laissant de la place à l’imprévu, et ça, c’est ESSENTIEL !
➡️ Ces repères ne sont pas des règles strictes, mais des garde-fous qui me permettent de rester disponible pour tous les pans de ma vie sans me perdre dans le quotidien.
🧩 Travailler avec mes cycles
J’ai aussi appris à écouter mes fluctuations d’énergie plutôt que de chercher à forcer la régularité.
Mon business suit désormais des cycles : certaines périodes sont intenses, d’autres plus calmes, à l’image des saisons.
➡️ Ces phases de ralentissement ne sont plus perçues comme des faiblesses, mais comme des temps nécessaires pour me ressourcer et mûrir mes idées.
🧩 L’écoute intérieure comme boussole
L’organisation ne doit plus venir d’une méthode imposée de l’extérieur. C’est mon ressenti, ma disponibilité réelle et mes priorités profondes qui orientent mes choix.
Certains jours, je peux pousser fort, d’autres, je choisis de lever le pied.
➡️ Cette écoute intérieure me permet d’avancer sans me trahir, même si ce chemin demande honnêteté et patience.
🧩 Accepter l’imperfection
Tout ne sera pas fait, tout ne sera pas parfait ! Et ce n’est plus un problème. Accepter que mon business avance malgré les interruptions, les ratés et les ralentis m’a libérée d’une pression inutile.
➡️ Cette imperfection n’est pas un obstacle, elle fait partie du rythme naturel de la vie.
Vers un entrepreneuriat plus lucide, plus incarné ?
La maternité n’est pas un obstacle au business : c’est un terrain de transformation. Elle nous force à réinterroger notre rapport au temps, à la réussite, à l’énergie. Elle nous oblige à inventer des manières de créer qui respectent nos cycles, nos limites, nos aspirations.
Et si, au lieu de lutter pour concilier deux mondes, on cherchait à les faire cohabiter et à s’enrichir mutuellement ? Inventer des modèles plus vivants, plus flexibles, plus inclusifs, où la liberté d’entreprendre ne rime pas avec culpabilité ou épuisement.
⭐ Tout le monde ne vit pas les mêmes réalités, mais chacune peut explorer ce qui fonctionne pour elle.
Et toi, à quoi ressemblerait un modèle d’entrepreneuriat qui t’autorise à être pleinement toi ?
💬 Si tu as envie de partager ton expérience, tes aléas ou tes découvertes en tant que maman entrepreneure, laisse un commentaire ici ou rejoins-moi sur Instagram. J’y parle en toute transparence de mon quotidien, des hauts et des bas, et de ce que ça m’apprend sur la vie et le business.
